COMMENT NOUS EN SOMMES ARRIVES A VIVRE AVEC DEUX CHATS DANS 50 M2

Lorsque nous avons adopté notre premier chat, nos coeurs étaient encore plein du chagrin d’avoir perdu nos furets avec qui nous avions vécu 8 belles années. Les furets sont des animaux qui mériteraient d’être mieux considérés car ils sont aimants, calins, drôles, curieux, très courageux, leur seul défaut étant leur constitution très fragile (et éventuellement leur odeur muscadée qui indispose certaines personnes…)

Alors nous nous sommes mis en tête de trouver LE chat parfait, solide, qui vit 20 ans, qui aime la vie en appartement et les humains, et qui nous comblerai de joie et nous ferait oublier la tristesse d’avoir perdu nos petites “fouines” (pour paraphraser ma grand mère)

Ayant eu des chats de gouttière particulièrement indépendants et chasseurs dans mon enfance banlieusarde avec jardin, j’avais peur qu’un « européen » ne soit malheureux en appartement. Je me lançais donc dans un grand comparatif des races de chats, en surfant frénétiquement sur internet et en visitant le rayon Chat de la FNAC.

Au bout de quelques jours, c’était décidé, le Maine Coon était fait pour nous. (Nous avions donc fait preuve de beaucoup d’originalité puisque qu’il s’agit du chat de race n°1 des français depuis 2012 selon le registre du LOOF !)

Ma soif de perfection étant sans limite, il me fallait donc maintenant trouver LE Maine Coon parfait. Après des heures de recherches poussées, notre choix se porte sur un élevage familial en région parisienne : l’éleveuse a l’air sérieuse, cela fait 20 ans qu’elle fait ce métier, ses chats sont magnifiques tout en restant accessibles financièrement (enfin, il faut tout de même débourser 1100 euros…mais ça peut très bien monter à 2000–2500 euros)

Ma psy achève de me convaincre en me ventant les bienfaits de la ronronthérapie et de la sécrétion de l’ocytocyne, hormone de l’attachement anti dépression, et je file chercher le chat magique au fin fond du 94.

Il est absolument splendide, une pure beauté. D’une douceur et gentillesse incroyable. Joueur mais aussi câlin. Un ange en somme. Mais attention SPOILER : moins de 21 jours après avoir vidé notre compte en banque, il décède subitement (je vous épargne les détails sordides….) d’une PIF. Ce n’est pas une blague sur le nez, c’est une péritonite infectieuse féline, ça arrive une fois sur 1000000, ça ne se prévient pas, ça ne s’explique pas, c’est juste comme ça et c’est balo et ça tombe sur nous, évidemment. Sachez que la loi peut vous permettre un remboursement intégral de l’animal si jamais ça vous arrive (ce que je ne vous souhaite pas), de notre côté on s’est mis d’accord à 50/50 avec l’éleveuse.

Rechute sévère du moral, cycle du deuil classique (Sidération : mais what the fuck quoi ? Déni : non mais là, c’est pas possible hein, c’est une blague ? Colère : qu’est ce qu’on a fait au bon dieu bordel de merde ? Peur : c’est malin, ma compagne ne voudra JAMAIS reprendre un chat maintenant Tristesse : il me manque trooooop, je veux blottir ma tête contre son cou et m’enivrer de sa douce odeur, Dépression : retour à la case psy, et Décision de se remettre en selle rapidement )

Mais nous n’avons plus qu’un budget de 550 euros, alors c’est simple, ça sera un Moitié Maine Coon ! (oui, il est tout à fait possible que la tristesse ait altéré nos capacités de raisonnement ….)

Dès que j’ai visionné l’annonce, j’ai su que c’était le bon. Un Maine Coon batard avec une queue en pompom, c’était pour nous !

Là, il faut être au taquet, comme pour les annonces immobilières parisiennes.

Moins de 5 minutes après sa publication sur LeBonCoin, j’étais au téléphone avec la propriétaire pour fixer un RDV. Et le lendemain, lorsque je filais cette fois ci au fin fond du 92 chercher l’heureux élu, elle m’expliqua avoir reçu plus de 10 coups de fil de personnes très insistantes, prêtes à payer le double pour récupérer NOTRE chat : de la pure folie !

Dès son arrivée dans notre appartement, force est de constater que le Pépère n’a pas la douceur de son prédécesseur LOOF : est ce du à la moitié de ses gênes « batardes » ?

Du côté chat de gouttière, il a hérité son petit caractère « i am the boss » et son côté aventurier, qui fonce dans l’appartement de voisins en panique dès que l’opportunité se présente.

Du côté Maine Coon, son physique solide (8 kg tout de même), son intelligence et son côté petit-chien-qui-te-poursuit-partout-dans -l’appartement.

Il n’aime pas les bisous, les caresses oui-mais-c’est-quand-j’ai-décidé, par contre il adore jouer à cache cache et à la fausse baston, ne nous quitte pas des yeux, qu’il cligne délicatement pendant de longues minutes pour nous signifier son amour. Il a un petit miaulement de chaton trop mignon pour un si gros bonhomme. Nous l’avons dressé très facilement à faire HIGH FIVE, à s’assoir et se coucher. Il est très social et adore quand nous recevons de la visite. Nos amis et nos voisins veulent nous le voler tellement il est beau, ô fierté suprême. Nous n’avons aucun mal à trouver des volontaires pour venir le nourrir quand nous partons en vacances.

Bref, il est parfait et nous l’aimons, et nous mettons tout en oeuvre pour qu’il soit heureux.

L’appartement est redécoré en fonction de ses goûts : arbre à chat gigantesque, boules de papier, boules d’aluminium, circuit catit dernier cri avec balle clignotante, circuit pour faire ses griffes, souris petites, moyennes, grandes, avec ou sans herbe à chat, balles de ping pong, balle moltonnée, balle rebondissante, cartons grand, moyen, petit, canne à pêche Boa, Serpent, Leopard, Kong Kikeroo, plumeau, rayon laser, ….

Nous avons investi dans une fontaine à eau pour qu’il dispose d’eau fraiche toute la journée. J’ai acheté une petite caméra pour le surveiller quand nous partons en vacances. Je craque sur des tee shirt arborant des dessins de chats. Je panique en imaginant ce que ça sera quand nous aurons un enfant.

Il me rend tellement dingue que je crée un compte Instagram à sa gloire, et poste chaque jour une image pour entretenir ses 8 000 followers de ses moindres faits et gestes.

Alors, au bout d’un an, c’est l’engrenage : « est ce que tu crois qu’il se sent seul quand on est pas la ? », « il miaule beaucoup en ce moment non? » , « est ce que c’est normal qu’il soit collé à la porte à nous attendre quand on rentre le soir ? », « le voisin m’a dit qu’il miaulait quand on était pas là » , « il nous saute dessus dans le noir, j’ai lu que c’était parce qu’il n’était pas assez stimulé »

Mon chat m’obsède, je pense à lui tout le temps. Je fais du bénévolat dans une association de protection des félins et je lis frénétiquement tout ce qui le concerne pour essayer de capter et répondre à ses moindres désirs (« Agir et penser comme un chat », « Comment penser chat ») Je me détend en lisant les BD « Crapule » et « Putain de chat » . BREF le rayon chat de notre bibliothèque enfle, il a clairement pris le pouvoir (lire à ce sujet “Un lion sur mon Canapé”) et ma compagne commence à péter un câble.

Je me met à lire sur les forums les belles histoires d’amitié entre chats. Mais il y a aussi les histoires horribles où les deux chats se détestent et l’enfer commence : il faut avoir deux litières, deux gamelles, deux pièces séparées dans un …deux pièces ! Je fais même DES listes avantages / inconvénients d’avoir un deuxième chat dans un si petit appartement.

Ma compagne a beau refuser catégoriquement l’hypothèse, je la travaille inlassablement en ramenant sans arrêt le sujet sur la table. Oui je sais, je suis diabolique.

Pour préserver ma santé mentale, je décide de lâcher prise à un moment donné, me concentrant sur le fait que le chat est un animal territorial, et que le notre n’est vraiment pas à plaindre : on le brosse tous les jours matin et soir, on joue avec lui pendant une heure minimum tous les jours, on le nourrit avec amour (ça nous a pris un an, mais maintenant on a compris et on a arrêté de vouloir diversifier son alimentation, c’est un chat routinier, il veut ses croquettes Royal Canin et ses pâtés Almo Nature, basta !)

Et c’est alors que tout bascula. Il se passa un truc tout con : le chat d’une amie s’est blotti sur mes genoux et s’est mis à ronronner pendant 30 min. J’ai dis « je veux le même » Elle a dit « ah bah justement, sa maman vient d’avoir une nouvelle portée. » J’ai dis « je veux voir les bébés » Elle m’a donné l’adresse, j’ai trainé ma compagne avec moi, et nous avons craqué.

Deux mois plus tard, le temps d’un sevrage complet auprès de son adorable maman, la petite Minette arrivait chez nous.

Elle est « Européenne ». Elle est minuscule et le restera, selon le vétérinaire. Elle est vaillante, agile et décidée. Elle n’a peur de rien, pas même de l’aspirateur. Elle tue les mouches et elle les mange !

Elle a mis ma compagne dans sa poche en 5 minutes, en se blottissant contre elle sur le canapé.

Elle a mis le Pépère dans sa poche en 2 jours. Nous avons procédé méthodiquement en les séparant au début, chacun dans leur pièce. Nous leur avons fait renifler l’odeur de l’autre pour qu’ils s’y habituent. Puis nous les avons mis ensemble. Nous avons filmé la scène, et c’était savoureux: 8kg vs. 2kg de combats, grognements, coups de pattes, embuscades, et puis ils se sont mis d’accord. Il est adorable avec elle, il partage sa litière, sa fontaine à eau et sa gamelle, la laisse même manger en premier, la laisse même penser qu’il est sa maman quand elle part trifouiller sur son ventre à la recherche de mamelles.

Les débuts ont été sportifs pour nous : réveils nocturnes à toute heure pour cause de course poursuite (sur le lit en nous écrasant au passage sinon ce n’est pas drôle) ou encore bastons « incontrolées » donnant lieu à des miaulements à vous fendre les oreilles.

Il a fallu qu’ils trouvent leur marque et nous aussi. Ce n’est pas rien d’adopter un deuxième chat : c’est deux fois plus de nettoyage de litière, deux fois plus de bouffe, deux fois plus de visite chez le vétérinaire. Deux fois plus de thune donc. Deux fois plus d’attention aussi.

Car Pépère est jaloux et possessif, ses humains lui appartiennent. Mais Minette est petite et a besoin de beaucoup de stimulations, de caresses, et de limites aussi. Il faut créer une relation à deux, à trois, à quatre.

Nous ne regrettons pas notre choix. Pépère va clairement mieux, ça se voit, il est plus dynamique tout en étant plus serein. Il ne miaule plus à la porte. Il ne nous attend d’ailleurs plus à la porte. Il ne bondit plus subitement sur nos jambes toutes griffes dehors. Minette est douce et câline et apporte les ronrons qui nous manquaient.

Nous partons au travail, en week end et en vacances le coeur léger, sachant qu’ils sont deux, qu’ils jouent ensemble, se papouillent, se tiennent compagnie et c’est juste adorable.

Une question se profile tout de même, à quand le troisième ? :)

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